Le printemps avait pris ses quartiers au village du Père Noël. La neige fondait doucement, révélant les chemins secrets cachés tout l’hiver. Dans les bois enchantés, les bourgeons éclataient de couleurs, et une douce brise emportait l’odeur de cannelle et de mousse fraîche.
Mais ce matin-là, un cri traversa le village :
« Venez vite ! Des œufs étranges sont apparus dans le champ des lucioles ! »
Les lutins accoururent, en pyjama, la tête dans leurs rêves. Là, au milieu de l’herbe encore gorgée de givre, gisaient douze œufs lumineux, chacun scintillant d’une couleur différente. Rouge rubis, vert émeraude, bleu océan… Ils pulsaient lentement, comme s’ils respiraient.
Le Père Noël s’approcha, intrigué :
« Ce ne sont pas des œufs d’animaux normaux… Je crois qu’ils viennent du Terrier de l’Aube, un lieu qu’on n’a plus vu depuis mille lunes. »
Pimpon, le lutin curieux, proposa de les faire éclore. Avec précaution, il déposa les œufs dans le Berceau d’Éclosion de l’atelier magique. C’était un vieux nid tissé de cheveux d’ange et de laine de nuage, gardé par Mémé Clochette, une ancienne lutine au regard vif.
Chaque jour, les œufs s’illuminaient un peu plus. Le 7 avril, à minuit pile, une pluie d’étincelles tomba du ciel. Les œufs s’ouvrirent en silence…
Et là, douze petites créatures merveilleuses en sortirent : des poussins enchantés, chacun portant une horloge miniature autour du cou. Leurs yeux brillaient comme des étoiles. Ils piaillèrent en rythme, formant une mélodie que l’horloge du village reprit immédiatement, avançant d’un tic magique.
« Ce sont les Gardes-Temps du Printemps ! » s’exclama la Mère Noël.
« Ils veilleront à ce que chaque minute d’avril soit remplie de joie et de lumière. »
Depuis ce jour, chaque année en avril, les enfants du monde qui regardent attentivement au lever du jour aperçoivent parfois… un petit œuf lumineux caché dans leur jardin. Et s’ils tendent bien l’oreille, ils entendront peut-être… le chant des douze poussins du temps.
