Le mois de mars pointait son nez au village du Père Noël. Le ciel était encore pâle, et la neige tapissait le sol, mais quelque chose changeait doucement : l’air semblait plus léger, et le vent fredonnait une douce mélodie.
Dans le grand jardin derrière l’atelier des lutins, la Mère Noël jardinait avec soin. Ce jardin, on l’appelait le Clos des Étoiles, car chaque plante qui y poussait avait une étincelle magique. Mais en mars, seules les clochettes de givre tentaient timidement de percer la neige.
« Si elles fleurissent avant le 15 mars, dit la Mère Noël, cela veut dire que l’année sera riche en sourires. »
Cette année-là, rien. Pas une seule clochette. Les lutins étaient inquiets.
Tornichette, une petite lutine spécialiste des graines enchantées, proposa de fabriquer une potion douce pour réveiller la terre. Avec des perles de gel, du sucre de l’aurore et une pincée de rire d’enfant, elle créa un breuvage flamboyant qu’elle versa au pied des arbustes gelés.
Mais au lieu de fleurs… ce furent des sons cristallins qui jaillirent de la neige.
“Tling ! Tlong ! Tling !”
Des notes flottantes, comme un carillon invisible, s’élevèrent dans l’air.
Les lutins accoururent. L’horloge magique, dans la grande place du village, vibra légèrement. Son tic-tac ralentit… puis reprit, plus lumineux, comme si une corde invisible s’était accordée.
Et alors, tout à coup, des centaines de clochettes de givre jaillirent d’un coup de la terre, dessinant une spirale enchantée autour du Clos des Étoiles. Elles chantaient ! Une musique douce et aérienne, à peine audible mais pleine de promesses.
La Mère Noël ferma les yeux et murmura :
« Voilà le printemps des cœurs. »
Le Père Noël accrocha sur l’horloge un petit grelot blanc, en souvenir du jour où mars chanta.
Et depuis ce jour, chaque année, au même moment, les clochettes de givre sonnent l’arrivée de la joie cachée, même dans les terres gelées.